Marc DOBRYSEN : Un auteur au travail

Le désir d’écrire ? 

C’était une envie que je portais en moi depuis des années, pour ne pas dire des décennies. En tant qu’adolescent, j’avais noirci plusieurs cahiers avec des récits sans prétention et sans ambition particulière. En quittant la Slovaquie, je n’ai pas gardé ces cahiers et j’ai aussi abandonné toute velléité d’écriture pendant longtemps au profit d’une vie familiale et professionnelle bien remplie.
En changeant de pays au profit de la Suisse, j’ai retrouvé ma langue maternelle, le français, et laissé quelque peu de côté ma langue paternelle, le slovaque.
L’envie de création artistique m’a accompagné pendant de nombreuses années, mais je n’osais franchir le pas.
Ensuite, je me suis mis à la peinture et après quelques années de cours, j’ai pu faire quelques expositions. Mais au bout de quelques années, l’envie d’écrire a refait surface. C’est elle qui a actuellement pris le dessus sur la peinture.

Comment réussis-tu à concilier toutes tes vies pour écrire ? 

…difficilement. Surtout qu’il ne s’agit pas seulement de concilier la vie professionnelle, mais aussi la vie privée, avec un hobby très prenant qu’est l’écriture.
 
Pour moi, l’écriture représente surtout une découverte.
Celle de capacités et de mondes enfouis à l’intérieur de moi-même. Mais aussi la découverte de nouvelles informations, car j’essaie d’écrire surtout sur des choses que je connais moins ou pas du tout. Ce qui nécessite par conséquent beaucoup de travail de recherche. 

Le frein principal, c’est évidemment moi-même.
Les doutes sur mes capacités, sur le fait que j’ai quelque chose d’intéressant à dire, sur le fait que je saurai m’exprimer dans une langue qui n’est pas celle de ma scolarité, que ce que j’écris « est bon ».
Au moins, pour ce dernier point, la peinture m’a appris que la notion de « bon » est très relative, superflue, voire inhibitrice. Je tâche donc de remplacer cette catégorie de « qualité » par la notion de plaisir que me procure l’activité créatrice. 

Pour écrire, j’utilise les heures marginales de la journée. Comme je ne suis pas quelqu’un de matinal, il s’agit surtout d’heures nocturnes. Heureusement,  la fatigue du lendemain n’est pas la même, et elle est même supplantée par la satisfaction, si j’ai bien écrit la veille.

Sur quoi travailles-tu en ce moment ? 

Sur un grand diptyque dystopique qui nécessite beaucoup de travail de recherche, d’importants préparatifs pour maintenir la cohérence temporelle et spatiale et l’intelligibilité de l’œuvre.

Pour me « reposer » de ce roman très ambitieux, j’ai écrit un texte beaucoup plus court, une sorte de drame intime. « Un sens perdu ».
Alors que le premier implique de nombreux niveaux d’intrigues, de multiples personnages, le second a l’avantage de ne reposer que sur quelques caractères et sur une trame narrative beaucoup plus restreinte.
Mais il y a aussi des points communs entre les deux textes. Le personnage principal aura vécu deux vies complètement différentes, celle « ‘d’avant » suivie de celle qu’il aura choisi pour faire face aux événements. 

Écrire, c’est vivre une autre vie.
Dans « Un sens perdu », le personnage principal sera amené à vivre une autre vie, non par choix, mais à cause des circonstances externes. Et le fait d’en sortir grandi est pour moi une note d’optimisme, dans un monde où on subit actuellement beaucoup de circonstances indépendantes de notre volonté.

Un conseil à donner à d’autres auteurs ? 

Je ne suis pas sûr d’être en mesure de donner des conseils ; comme je ne m’appelle ni Haruki Murakami, ni Agota Kristof, je ne peux transmettre que mon expérience personnelle.
Si je cite ces deux auteurs en particulier, c’est parce que les deux ont utilisé une langue étrangère pour la rédaction de leur textes… et dans mon cas la crainte de ne pas savoir dire les choses de manière juste représentait un des blocages principaux. J’ai donc essayé de transformer ma faiblesse en force et je me suis dit que le seul moyen de savoir si je pouvais y parvenir était d’essayer. 

Pour l’heure, mon succès principal est d’avoir (parfois) beaucoup de plaisir à l’écriture. Et d’avoir mené à bien un projet.

Comment utilises-tu le coaching ? 

De multiples manières. Il y a bien sûr « le côté technique ». Les échanges avec Frédérique me sont très précieux, car ils me procurent un avis professionnel sur la rédaction, la cohérence des textes et bien sûr aussi sur leur côté grammatical.
Mais il y a aussi d’autres aspects. Celui que j’appelle « l’effet rédacteur en chef » qui m’oblige d’écrire à un rythme le plus régulier possible et « fournir du matériel dans les délais ».
Et enfin,  l’aspect humain, qui m’est tout aussi, si ce n’est plus précieux. Car j’ai beaucoup de doutes, et à la différence des tableaux, je n’ai pas vécu de « vernissage » de mes textes.

Quelle est ta stratégie d’édition ? 

Le seul conseil que je peux donner, c’est de bien se documenter sur la maison à laquelle envoyer ses romans, en essayant de coller au plus près à leur politique éditoriale. 

Suite au prochain chapitre…

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Interview réalisée en septembre 2020
Photos de l’auteur